Mont Rushmore
Mont Rushmore
Mémorial national du Mont Rushmore
De gauche à droite : effigies des présidents George Washington, Thomas Jefferson, Theodore Roosevelt et Abraham Lincoln.
Catégorie UICN V (paysage terrestre/marin protégé)
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
État Drapeau du Dakota du Sud Dakota du Sud
Ville proche Rapid City
Coordonnées 43°52′44″N 103°27′35″O
Superficie 5,17 km2
Création 3 mars 1925
Visiteurs/an 2 037 861 en 2005
Administration National Park Service
Le mémorial national du Mont Rushmore (en anglais Mount Rushmore National Memorial), situé près de la ville de Rapid City dans l'État du Dakota du Sud aux États-Unis, est une sculpture monumentale en granite localisée à l’intérieur du mémorial présidentiel des États-Unis qui retrace 150 ans de l'histoire du pays. Les sculptures, hautes de 18 mètres, représentent quatre des présidents les plus marquants de l'histoire américaine. Il s'agit de gauche à droite de George Washington (1732-1799), de Thomas Jefferson (1743-1826), de Theodore Roosevelt (1858-1919) et d'Abraham Lincoln (1809-1865)1. Le mémorial couvre une surface de 5,17 km²2 et se situe à 1 745 mètres d'altitude3. Il est géré par le National Park Service qui dépend du Département de l'Intérieur des États-Unis et attire plus de deux millions de visiteurs chaque année
Histoire
Photographie du mont Rushmore en 1905
Le mont Rushmore en 1905, avant la construction du mémorial.
Nommée Six grands-pères par les Amérindiens Lakotas (Sioux), la montagne fut rebaptisée d'après Charles E. Rushmore, un grand avocat de New York qui la remarqua durant une expédition en 18855. Lieu sacré pour les Amérindiens, le mont Rushmore fit partie intégrante de la route que le chef indien lakota Black Elk emprunta lors d'un voyage spirituel qui le mena au sommet du pic Harney Peak à proximité du mont.
Après toute une série de batailles dont celle de Little Big Horn contre les Amérindiens de 1876 à 1877, les États-Unis, attirés par les richesses de l'ouest, conquirent le territoire qui appartenait aux Amérindiens depuis la signature en 1868 du Traité de Fort Laramie (voir Controverse plus bas).
Pour les pionniers blancs, le pic possédait plusieurs noms différents comme Cougar Mountain, Sugarloaf Mountain, Slaughterhouse Mountain, ou bien encore Keystone Cliffs. La colline fut nommée mont Rushmore durant l'expédition d’exploration menée par Rushmore, David Swanzey (mari de Carrie Ingalls qui était la sœur de l'auteur Laura Ingalls Wilder), et Bill Challis6.
L'historien Doane Robinson évoqua pour la première fois l'idée du mont Rushmore en 1923 pour promouvoir le tourisme local. Au départ, le projet de sculpture du Mont fut lancé pour attirer les visiteurs dans la région des Black Hills au Dakota du Sud. En 1924, Robinson persuada le sculpteur Gutzon Borglum de visiter la montagne pour s'assurer de la faisabilité de la réalisation. Borglum avait à ce moment déjà réalisé un énorme bas-relief pour un mémorial célébrant les leaders des États confédérés sur la montagne Stone Mountain en Géorgie6. Le plan original prévoyait de sculpter la roche granitique de la colline Needles dans les Black Hills. Borglum se rendit compte toutefois que la roche érodée de cette colline ne convenait pas car elle était trop friable pour supporter la sculpture et ses détails. Il choisit alors le mont Rushmore qu’il apprécia également grâce à son excellente exposition au soleil. Borglum dit du mont Rushmore en le voyant, « L’Amérique défilera le long de cette ligne d’horizon. »7.
Photographie du sculpteur Gutzon Borglum
Le sculpteur Gutzon Borglum.
Après de longues négociations avec le président américain Calvin Coolidge et une délégation du Congrès, le projet reçut l'approbation de ce dernier qui autorisa le lancement d’une commission nationale du mémorial du Mont Rushmore le 3 mars 19257. Le président de l’époque Calvin Coolidge insista pour que deux républicains et un démocrate soient sculptés auprès du président Washington8.
Le découpage de la roche débuta en 1927 et se termina en 1941. L’image de Thomas Jefferson fut à l’origine prévue à la droite de Washington mais à cause d’une roche non adaptée à la sculpture de son visage, il passa à gauche de Washington.
Photographie d'ouvriers procédant au creusement de la roche
Creusement de la roche parfois à la dynamite.
Entre le 4 octobre 1927 et le 31 octobre, 1941, Gutzon Borglum et 400 ouvriers sculptèrent ainsi les quatre visages hauts de 18 mètres9 pour commémorer les 150 premières années de l’histoire des États-Unis. Les présidents furent choisis par Borglum pour leurs rôles respectifs dans la préservation et l’expansion du territoire national7,10.
En 1933, le service national des parcs (National Park Service) prit le parc sous sa juridiction et participa au projet en améliorant les infrastructures. Par exemple, le service améliora une voie ferrée pour que le sommet du mont soit plus facilement accessible aux ouvriers. Le 4 juillet 1934, le visage de Washington fut achevé. Il aura fallu deux essais au sculpteur Gutzon Borglum pour réussir le visage de Thomas Jefferson. Sa première tentative, à droite de George Washington, a été réduite à néant par un défaut du granit. Le visage a dû être effacé de la montagne en 1934 à coups d'explosifs. Le deuxième portrait de Jefferson, cette fois-ci à gauche de Washington a été inauguré en 1936. Le visage d'Abraham Lincoln le 17 septembre 1937. En 1937, une demande de fonds supplémentaires fut introduite auprès du Congrès pour ajouter la tête de Susan B. Anthony mais seuls les fonds pour terminer les visages déjà commencés furent alloués11. En 1939, le visage de Theodore Roosevelt fut inauguré.
Modèle du projet initial photographié dans l'atelier du sculpteur Gutzon Borglum
Le projet initial du mont Rushmore prévu par le sculpteur Gutzon Borglum.
L'atelier du sculpteur (Sculptor's Studio) qui contient une exposition de moules en plâtre et d’outils ayant servi à la réalisation de la sculpture fut construit en 1939 sous la direction de Borglum. Borglum décéda d’une embolie en mars 1941. Son fils Lincoln Borglum, acheva le projet mais des fonds insuffisants sonnèrent la fin des travaux7. Il faut remarquer que le projet initial prévoyait de réaliser également le buste des quatre présidents mais finalement seuls les visages furent achevés12.
Borglum avait aussi imaginé la réalisation d’un panneau géant (en lettres dorées hautes de 2,44 mètres) reprenant des faits historiques comme la déclaration d’indépendance, la constitution américaine, l’achat de la Louisiane et sept autres acquisitions comme l’Alaska ou le Texas10.
Le coût total de l’œuvre s’éleva à 989 992,32 dollars13. Il est intéressant de remarquer qu’aucun ouvrier ne fut tué lors de la réalisation de l’œuvre, ce qui est remarquable pour l’époque14.
Dans un canyon à proximité se trouve une chambre forte creusée dans la roche qui contient 16 panneaux en porcelaine émaillée. Les panneaux accueillent le texte de la Déclaration d’indépendance, de la Constitution, de l’histoire américaine et de la biographie des quatre présidents et de Borglum. Cette chambre fut ouverte en 199815.
Des travaux furent également réalisés dans les années 1990 pour améliorer les infrastructures d’accueil des visiteurs (musée, maison du tourisme et sentiers balisés). Des ouvriers alpinistes escaladent chaque année l’œuvre afin de l’entretenir. Le 8 juillet 2005, la société allemande Kärcher bien connue pour ses nettoyeurs haute pression, réalisa une opération marketing en nettoyant la sculpture avec de l’eau pressurisée et chauffée à 95 °C16.
Controverse
Articles détaillés : Bataille de Little Big Horn et Massacre de Wounded Knee.
Le mont est un sujet de controverse parmi les Amérindiens Lakotas car ceux-ci perdirent leurs terres à la suite de la guerre les opposant au gouvernement américain entre 1876 et 1877. Le traité de Fort Laramie en 1868 avait en effet laissé la région à cette tribu. Les Lakotas considèrent ces collines comme sacrées même si les historiens pensent que les Lakotas avaient également conquis la région précédemment par la force en chassant les tribus Cheyennes en 1776.
Des membres des mouvements indiens occupèrent le monument pour protester en 1971 en le baptisant « Mont Crazy Horse ». Le chaman John Fire (dont le nom indien est Cerf Boiteux) y réalisa une prière sur la montagne pour remémorer la promesse non tenue des Blancs suite à la rupture du traité17. Le monument a pour certains un caractère raciste car il pourrait être interprété comme une indication d’une supériorité des Blancs sur la nation indienne par le fait que les quatre présidents étaient en fonction durant l’acquisition des terres ancestrales amérindiennes. Ces collines étaient en effet sacrées pour les indigènes et la construction d'un tel monument est choquant pour ceux-ci tout comme le serait la profanation d'une église chez les catholiques... Gutzon Borglum lui-même est sujet à la controverse car il fut en relation avec le Ku Klux Klan lors de ses travaux18.
Le monument reste encore de nos jours un sujet de discorde bien qu’un directeur d’origine amérindienne ait été nommé en 2004 à la tête du parc18. En réponse à ce monument, un autre mémorial (« Crazy Horse Memorial ») est actuellement en construction un peu plus loin dans les Black Hills. Il représente le célèbre chef amérindien Crazy Horse et a pour but de montrer le caractère sacré de la région pour les Amérindiens. Le chef regarde en direction de l'Est par-dessus la crinière de son mustang vers la terre où ses guerriers sont morts. Cette sculpture qui devrait dépasser en taille le Mont Rushmore est financée par la fondation Crazy Horse Memorial Foundation. Celle-ci a refusé toute aide financière du gouvernement fédéral américain19. Le sculpteur d'origine polonaise Korczak Ziółkowski, aidé du chef indien Henry Standing Bear, a débuté la réalisation de cette œuvre en 194820 après avoir acheté la montagne avec son argent personnel21. Le sculpteur décéda en 1982 à l'âge de 77 ans sans voir son œuvre aboutie. Néanmoins, ses descendants continuent le travail qui pourrait encore durer 50 ans selon certaines estimations22.
Écologie
Photographie d'un coyote en forêt
Un coyote, une des espèces de carnivores vivant autour du mont Rushmore.
La faune et la flore sont semblables à celles rencontrées dans la région environnante des Black Hills.
On peut y apercevoir des urubus à tête rouge, des pygargues à tête blanche, des accipiters, des sittidaes, et des piverts. Les mammifères sont représentés par les tamias, les mouffettes, le porc-épic, les ratons laveurs, les castors, les coyotes, les mouflons canadiens et le lynx roux. Les deux ruisseaux dans le mémorial, nommés « Grizzly Bear » et « Starling Basin », abritent des poissons comme le saumon de fontaine23. Certains animaux ne sont pas originaires de la zone. Les chèvres des Rocheuses ont ainsi été offertes en 1924 par le Canada au parc d’État Custer proche du Mont Rushmore. Les chèvres se sont ensuite échappées avant de coloniser toute la région du mémorial24.
À basse altitude, la région est recouverte de conifères dont le pin Ponderosa. On retrouve également des chênes, des épicéas et des peupliers. Neuf espèces d’arbrisseaux sont également présentes. Les fleurs sauvages sont représentées par le muflier, le tournesol et la violette. En altitude, la flore devient plus éparse24.
Bien que la région reçoive annuellement environ 460 mm de précipitations, ces dernières sont irrégulièrement réparties dans l'année. La couverture végétale contribue à la protection des sols contre l’érosion. Des barrages bloquent également l’eau de pluie et alimentent ainsi les animaux toute l'année. La roche sédimentaire abrite également des nappes aquifères qui gardent l’eau et la restituent durant l’année grâce à quelques sources25.
Un feu de forêts survient en moyenne tous les 27 ans si l’on en croit les traces laissées sur les troncs des vieux arbres. Les incendies nettoient la forêt environnante des débris végétaux mais sont néanmoins limités en taille à quelques exceptions près26.
Géologie
Photographie des Black Hills vus des environs du Mont Rushmore
Vue sur les Black Hills face au Mont Rushmore.
Le sol du mont est composé en grande partie de granite. Il s'agit d'un batholite, une formation géologique courante dans les Black Hills du Sud Dakota.
Le batholite est d’origine magmatique et est inclus dans des roches plus vieilles composées de schistes datant de l’époque précambrienne il y a environ 1,6 milliard d’années27. Cependant le refroidissement de ces roches en fusion a également fait apparaître des inclusions minérales comprenant du quartz, du feldspath, de la muscovite, et de la biotite. On trouve également des dykes de pegmatite que l’on retrouve dans la coloration plus claire des visages des présidents.
Le granite a subi une large érosion durant le précambrien mais fut recouvert de roches sablonneuses durant le cambrien. La zone resta ainsi recouverte et protégée de l’érosion jusqu’à il y a environ 70 millions d’années27. La zone fut à ce moment surélevée à 6 000 mètres au-dessus du niveau de la mer par la poussée apparue lors du mouvement de la plaque tectonique nord américaine. L’érosion qui s’ensuivit abaissa la hauteur moyenne de la région à seulement 1 200 mètres aujourd’hui28. Cette érosion a également fait apparaître à découvert des zones de transition entre le granite et le schiste noirâtre sous le visage de Washington.
Borglum sélectionna le site en fonction des propriétés de ces roches. Le granite ne s’érode en effet que de 2,5 centimètres tous les 10 000 ans et est assez résistant pour soutenir le poids des sculptures7. Avec ses 1 745 mètres de haut, il s’agissait également de la plus haute montagne de la zone3.
Tourisme
Le tourisme est la seconde activité économique de l’État du Dakota du Sud. Le mémorial est le moteur principal de cette industrie avec plus de deux millions de visiteurs chaque année4.
Le musée Lincoln Borglum se situe dans le mémorial. Il comporte deux salles de projection de 125 places chacune qui proposent un film de 13 minutes sur l’histoire du mont. Un sentier relie à travers la forêt de pins le musée au Sculptor's Studio. Celui-ci explique la façon dont le monument a été construit. Une projection de 30 minutes s’y déroule également. Le soir, le monument est éclairé durant deux heures29.
Culture populaire
Photographie d'une pièce de 25 cents en hommage au mont Rushmore
Pièce de 25 cents en hommage au Mont Rushmore.
Le mont Rushmore a souvent servi de décor pour de nombreux films américains. Vu l’importance emblématique de ce monument, le cinéma a souvent attaqué les visages des présidents. Ceux-ci ont ainsi été régulièrement modifiés et remplacés par des visages d’envahisseurs conquérants.
C’est ainsi que dans le film Superman 2, le général Zod et ses complices usent de leurs superpouvoirs pour remplacer les quatre visages par les leurs. De la même façon dans le film Mars Attacks! de Tim Burton, les martiens utilisent leurs soucoupes volantes pour retravailler en quelques secondes les effigies présidentielles en les remplaçant par des visages extra-terrestres. Nicolas Cage fouille les secrets de la montagne dans Benjamin Gates et le livre des secrets. Dans Ben 10, la montagne cache le quartier-général et l'armurerie hightech des plombiers. Dans le manga Naruto on retrouve également une réplique du mont Rushmore où les visages des présidents sont remplacés par les quatre dirigeants que le village de Konoha a connu. De même, dans le film d'animation Astérix et les Indiens, les têtes des présidents américains sont remplacées par les têtes des chefs Indiens du film. Dans un dessin animé de Tex Avery datant de 1936, on voit à côté des 4 têtes celles de Franklin Roosevelt et Alfred Landon avec la mention « for the Democrates » et « for the Republicans ». L’album In Rock du groupe de rock Deep Purple a également remplacé les quatre présidents par les cinq membres du groupe30.
Le monument est parfois aussi détruit ou endommagé : dans le dessin-animé Albator, le corsaire de l'espace, on voit dans l'épisode 3 les visages des présidents très endommagés et entourés d'immenses gratte-ciels. Dans le téléfilm Cyclone Catégorie 7 : Tempête mondiale, des infiltrations d'eau dues à la présence des tornades font s'écrouler la tête de George Washington, tuant dans sa chute le garde du parc.
Monument particulièrement spectaculaire, il fut ainsi un décor central pour de nombreux films, publicités et représentations diverses. Au cinéma, son utilisation la plus célèbre est la séquence finale de La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock en 1959, avec Cary Grant, James Mason et Eva Marie Saint. Panique au Pique-Nique, court-métrage d'animation ayant pour héros le lapin Roger Rabbit, se termine par la destruction du monument.
Dans la série télévisée Les Simpson, le Mont Rushmore apparaît souvent dans des situations diverses ; ainsi, dans un gag du canapé de la saison 20 les visages des présidents sont remplacés par les visages des Simpson. Dans un épisode de la saison 15, Homer écrase « sans faire exprès » des maquettes du Capitole et du Mont Rushmore. Dans l'épisode Folie homérique, les Simpson décident d'aller dans le Dakota du Nord, Bart s'écrie alors : « J'ai toujours rêvé d'aller voir le Mont Rushmore ! », mais Lisa le coupe et dit : « C'est dans le Dakota du Sud ». Dans l'épisode La Reine de l'orthographe, les habitants de Springfield sculptent le visage de Lisa dans une montagne de la même façon que le Mont Rushmore. Dans l'épisode 10 de la saison 13, Proposition à demi indécente, Homer et Lenny vont travailler dans un champ pétrolifère. Sur le trajet, Lenny montre à Homer le « mont Carlmore », une sculpture du visage de Carl que Lenny a réalisée.
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